On dit souvent qu’il y a des visages que l’on n’oublie jamais. L’histoire que je vais raconter aujourd’hui vous éclairera différemment sur cet adage.
Il y a quelques années de cela, bien avant tous les évènements qui m’ont conduit jusqu’à Ishgard, j’habitais dans un petit hameau de Sombrelinceul, entouré de plusieurs familles de bûcherons et d’apiculteurs. La vie était paisible et s’écoulait aussi doucement qu’une rivière parmi les roseaux.
Un jour pourtant, la petite communauté fut en ébullition après que son chef, veuf depuis plusieurs années, ne ramène une étrange femme Lalafel et ne la présente à tous comme son épouse. Personne n’avait entendu parler de cette femme, qui disait venir de terres habitées de dragons et de créatures mythiques.
Très vite sa réputation se détériora. Prompte à s’emporter pour un rien, le cœur empli de jalousie et de fiel, elle se trouva au centre d’étranges phénomènes. Coïncidences diront certains, sorcellerie avanceront les plus passionnés. Qu’elle se dispute avec la femme d’un apiculteur : le lendemain plus aucune abeille. Qu’un enfant lui lance un bout de bois par erreur : une crise de fièvre le cloue au lit.
Son époux ne voyait rien de tout cela, et d’ailleurs son comportement avait beaucoup changé, il agissait comme s’il était continuellement dans une nasse de coton.
Seule sa sœur, pratiquement au terme de sa grosse, osa tenir tête à sa belle-sœur. Une violente dispute éclata entre les deux femmes après qu’un enfant du hameau ait mystérieusement perdu la vue. La sorcière Lalafel, jalouse de la beauté reconnue de sa belle-sœur, lui lança des paroles maudites qu’elle seule entendit.
Comme je vous l’ai dit les coïncidences arrivent. Mais là j’ai un doute.
La nuit-même, son travail commença. On pouvait entendre ses cris de douleur à des kilomètres à la ronde. Puis finalement un cri de nouveau-né. En tant qu’élémentaliste accompli je fus appelé suite à l’accouchement car la pauvre mère perdait beaucoup de sang. En entrant dans la chambre, je ne fus pas long à observer la mine anxieuse, voir effrayée, des femmes présentes.
Voyant le teint pâle et crayeux de la mère, je me précipitai à son chevet et je pus capter ses dernières paroles :
« Elle a maudit ma fille, ma pauvre enfant qui vient de naitre. Elle est née sans visage, et quiconque essaiera de la regarder ne verra qu’un miroir reflétant sa mort. »
Je lui demandai si elle avait regardé sa fille, et sa réponse me tétanisa :
« Oui, et je me suis vue morte dans cette couche en vous tenant la main »
Ce furent ses dernières paroles, son dernier soupir.
Le lendemain, la femme du chef avait disparu … ainsi que la petite fille.
Je peux vous l’avouer, j’ai peur. Peur de ce que cette sorcière a fait de cette enfant, peur de la croiser un jour, peur de devoir combattre une enfant innocente, maudite. Mais par-dessus tout, peur de croiser son visage …
Et vous, oseriez-vous regarder ?
Personnage : Kingmanath Toriktai
Monde : Cerberus
Objet : Barde noble